La dédicace de Raymond Ménard

En l'honneur de notre festival et de ses animaux emblématiques, Raymond Ménard nous a offert la primeur de deux textes extraits d'un sien recueil aussi facétieux qu'il peut l'être, recueil très logiquement intitulé Le Jardin zooillogique. Mille grâces lui en soient rendues !

V comme… Vache
Au fin fond de son étable,
Et bien loin de son pré,
Une vache s’ennuyait ferme.
Seule l’heure de la traite
Lui laissait un peu de répit.
Il est vrai que depuis quelque temps
La situation allait de mal en pis :
La vache se sentait plutôt patraque
Et ressentait comme une attaque.
Lui-même, son maître pensait
Qu’elle souffrait des pis démis.
Il alla quérir, plein de zèle,
Un vétérinaire renommé.
L’homme de science
Ausculta aussitôt l’animal
Et lui greffa une aile.

Par ce remède peu banal,
La vache fut toute remuée,
Et se mit à courir comme un lièvre.
Elle contracta une forte fièvre,
Au point qu’elle en devint… cheval.

C comme… Caribou
Dans sa cabane au Canada,
Un caribou venu tout droit de l’Alaska
Faisait sans trêves
D’étranges rêves :
Dans l’appareil le plus simple,
Se voyant déjà au sommet de l’Olympe
Made in England,
Il se prenait pour le… Renne d’Angleterre,
Ou bien au beau milieu des Landes,
Il surfait sur des raquettes modèles
Fabriquées à la petite semelle.
Il lui arrivait aussi de faire la quête
Pour s’embarquer vers Tahiti
En prenant soin de son… élan,
Car cela… cerf, bon an, mal an,
De s’affronter à l’infini.
Parfois aussi, vêtu d’un pagne,
Il bâtissait châteaux d’Espagne.

Et puis au petit matin, bien fatigué,
Fourbu, rompu, il savourait
Cette escapade bien insolite,
Et s’endormait de façon fort subite
Pour la plus inouïe des nuits inuit(e)s. 



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