La chronique de Raymond Ménard

Notre ami Raymond Ménard, journaliste retraité qu'on ne présente plus à Verneuil-sur-Avre, car il en est l'un des citoyens les plus éminents, nous a fait l'honneur et la joie de bien vouloir chroniquer notre Festival franco-québécois, au jour le jour quand cela lui était possible, et au gré de son humeur. Cette rubrique lui appartenait donc librement et entièrement, sauf de rares cas dûment signalés où, avec son accord, nous avons illustré certains événements avec des photographies prises par d'autres que lui (quelques vues sont agrandissables en cliquant dessus).

En guise de conclusion, par Raymond Ménard 
Le Festival : derniers échos… dernières images
Après une lourde semaine d’activités et d’échanges, le Festival franco-québécois « La Vache et le Caribou » vient de baisser le rideau.
C’est l’instant de se dire au revoir et de dresser le bilan d’un tel événement tout en en tirant les conclusions qui s’imposent.
Micheline Gervais, agent d’artistes et productrice d’outre-Atlantique à Montréal, interrogée sur le résultat de cette troisième rencontre internationale, s’est montrée optimiste. Elle a apprécié particulièrement l’intérêt qui s’est dégagé de ce rendez-vous, le renfort de ces liens et la réussite des points de partage.
Autre note réconfortante à souligner, l’importance du dévouement déployé par toute l’équipe d’Adbstar qui n’a jamais renié son engagement.
Que soient félicités ici tous les bénévoles qui n’ont bridé ni leur temps, ni leur énergie, quel que soit le poste occupé, pour la réussite de ce bel accueil réservé à leurs cousins d’Amérique et à leurs amis québécois.
La liste des artisans de ces journées est longue mais la reconnaissance des responsables et des organisateurs regroupés autour de Fabien Perucca, au courage exemplaire pendant ces jours difficiles pour lui, touché dans son affection profonde, est acquise à tous.
Elle démontre combien l’union dans l’amitié est indispensable pour réduire les distances et niveler les montagnes, même si l’on pratique difficilement le… Montagnais.
Parmi ces rencontres, il faut souligner celle de Yvon Mercier-Manitoube8itch, biologiste à l’université de Sherbrooke qui a fait connaissance avec son confrère Yves-Marie Rivemale, conseiller municipal et biologiste local bien connu pour son inlassable activité, d’autant que les deux hommes partagent bien des points culturels dans de nombreux domaines. Les arts, la tradition et les sports ne sont pas étrangers à leurs préoccupations. On les retrouve ensemble sur cette photo autour de Claire Massot, elle aussi artiste vernolienne reconnue.
De gauche à droite, Yvon Mercier-Manitoube8itch, Claire Massot et Yves-Marie Rivemale.
Jacques Lacoursière, professeur éminent, érudit de l’histoire du Canada en général et du Québec en particulier, tint deux intéressantes conférences.
Mais l’homme, astucieux et bon sportif, jugea prudent de changer l’angle d’attaque de ces deux récits.
Le premier, qu’il reconnut lui-même quelque peu décousu, fut saupoudré d’humour.
Le second, plus académique, conta les difficultés de métissage entre les races et leurs conséquences sur les naissances, l’intégration, et insista sur le rôle important joué par les femmes (mais est-ce une découverte ?).
Jacques Lacoursière, en pleine conférence.
Malgré notre hâte et notre plaisir à suivre le plus fidèlement possible le calendrier du Festival, cette chronique n’a pu rendre compte des deux concerts de l’organiste québécois Dany Wiseman.
Le premier à l’église de la Madeleine de Verneuil-sur-Avre, le second à l’église Saint-Hilaire de Tillières-sur-Avre.
Mais les échos favorables pour ces deux soirées sont parvenus jusqu’à nous.
Même si quelques… bémols dans l’ouverture des portes se sont produits à Verneuil, en cette journée faste et surchauffée à tel point que les premiers arrivants, avec Dany Wiseman, ont failli rester sur le(s)… grill(es). Ce détail, involontaire, a fait monter (comme s’il en était besoin)… la température ! Très peu néanmoins ne s’en sont faits les gorges chaudes. Tout au plus, cet événement a valu son pesant d’or… gues !
Autre événement passé à côté de cette chronique, l’initiation au tir à l’arc à La Fauconnerie.
Qu’on se rassure, la technique fut bien assimilée… et pas un volatile, aussi faucon fût-il, n’a été blessé. Il est vrai que les cibles étaient plus terre à terre : cochon qui s’en dédit !
La communication : c’est en principe l’un des moyens prioritaires pour améliorer les relations. Et on serait en droit d’attendre une certaine célérité dans ce domaine… Au 21e siècle ce serait logique. Eh bien malgré toutes ces remarques, il faut croire que la rapidité des liaisons n’est pas monnaie courante.
Ainsi Adbstar a reçu, mercredi 22 août, un avis de passage de La Poste lui demandant de retirer un colis destiné au festival « La Vache et le Caribou ». Ce colis, avec ses 200 guides des Premières Nations et 6 drapeaux, adressé par avion par la Ville de Montréal, le… 18 juillet dernier, est arrivé, ce grâce à la rapidité « affranchie » des échanges, après… la fermeture du festival !
Merci sainte Célérité.
Un compliment particulier doit être adressé à Isabelle Anfray qui, dans son coquet « Atelier » de la place de la Madeleine, a exposé toute une documentation sur le monde amérindien et des Indiens du Québec.
Elle a révélé ainsi l’abondante culture qui recouvre cette importante question dont les prolongements sont toujours d’actualité.
Autre message de gratitude, celui adressé par l’ensemble des artistes qui se sont produits sur la scène du Silo.
Tous, sans exception, que ce soit le quatuor de jazz normand Muz’nouch, le duo « 32 », Lady Arlette et son trio, Hélène Maurice, Claire Elzière, Dominique Cravic et leur veillée du bonheur, sans oublier les artistes venus d’outre-Atlantique, ils ont été unanimes à vanter les qualités professionnelles des deux techniciens du Silo, Alban Legrand et Matthieu Damblé.
Avant de quitter Verneuil et la vallée d’Avre, Nathalie Gressin et Jacques Lacoursière, qui s’étaient grandement mobilisés pour l’animation de ce rendez-vous d’amitié, ont tenu à effectuer une dernière visite de la cité.
Grâce à sa gentillesse et à son attachement solide pour sa ville, Yves-Marie Rivemale leur a volontiers servi de guide. De la tour Grise à l’abbaye Saint-Nicolas en passant par le quartier Notre-Dame, les visiteurs ont fait moisson de souvenirs et de photos qui leur rappelleront leur séjour vernolien.
Nathalie Gressin et Jacques Lacoursière, heureux de leur séjour.
Pour conclure, gardons en mémoire la remarquable sculpture de Jean-Alexandre Delattre, Poignée de mains.
Un véritable symbole !
La sculpture évocatrice de l'amitié signée Jean-Alexandre Delattre.
Et puis aussi, cette citation du chef indien Sitting Bull qui rappelle une vérité première trop souvent oubliée, confiée par Joséphine Bacon : « Quand tous les arbres seront coupés et qu’il n’y aura plus de poissons dans les rivières, les Blancs comprendront que l’argent ne se mange pas. »
À méditer !
 
Le samedi 18 août, vu par Raymond Ménard
Au Silo : la soirée du bonheur 
avec Hélène Maurice, Claire Elzière et Dominique Cravic
La tête dans les étoiles, on n’a pas raté une miette de ce festin royal servi avec le charme du talent et la douceur fraternelle du partage.
Une guitare qui vous caresse l’âme, deux voix mélodieuses qui, avec dextérité, vous bercent de sourires et vous guident vers le pays rêvé de la perfection. Rien n’a manqué, samedi soir 18 août, au Silo, pour cette veillée riche de bonheurs et pétrie de talentueuse intelligence.
Dominique Cravic, à deux pas de sa terre natale – il est né à Dreux – a su trouver l’équilibre de la note et du rythme dosé de virtuosité pour souligner et accompagner les voix justes et agiles de ses deux chanteuses, Hélène Maurice et Claire Elzière, la blonde et la brune, heureuses d’offrir tant de bonheur au public, bonheur chipé avec complicité au temps rongeur qui déstabilise.
Belles chansons de Félix Leclerc pour l’une, textes choisis du doux et malicieux Pierre Louki, ami sincère de Brassens, pour l’autre.
Les deux artistes ont présenté avec une gourmandise non feinte les mets de cette veillée de la complicité.
C’était réconfortant, une oasis dans le tumulte, une délicate part de bonheur si rare, et pourtant si attendu.
Le public ne s’y est pas trompé en saluant d’une standing ovation la prestation remarquable de ce trio.
Dominique Cravic, au centre, entouré d'Hélène Maurice et Claire Elzière.
Hélène Maurice.
Claire Elzière.
Au Silo : Lady Arlette
ou le talent noyé dans le tumulte
Accompagnée par trois musiciens de noir vêtus, la blanche et angélique Lady Arlette est apparue, samedi 18 août après-midi, au Silo, dans un vacarme tonitruant soulignant sans doute des prouesses techniques – une distribution de boules Quiès était effectuée à l’entrée de la salle (humour ou précaution ?) – mais le public y trouva-t-il son compte ?
On avait eu l’occasion d’entendre cette artiste en plein air, aux Estivales du P’tit Bar de Saint-Ouen-d’Attez, et l’on avait pu alors apprécier ses textes choisis et ses trouvailles musicales.
Pourquoi noyer ce qui était des promesses dans cet abasourdissant festival de bruits et de déflagrations sonores accentuées ?
Cette gesticulation bruyante qui s’apparente plus au chamanisme qu’au partage des connivences semble avoir raté sa cible.
Dommage !
Lady Arlette et ses musiciens.
Lady Arlette au chant.
Un certain 17 août…
Au cimetière de Verneuil-sur-Avre, Yvon Mercier-Manitoube8itch rend hommage au parachutiste canadien Hector Sylvestre qui fut torturé et fusillé par les Allemands avec ses cinq compagnons résistants, dans le parc de la mairie, le 17 août 1944 (photo J.P. Thouin).
Le vendredi 17 août, vu par Raymond Ménard 
AU SILO : Le duo « 32 »
une ambiance jeune qui doit encore grandir
Des corps de nymphettes, déliés et sombres, armés de guitares tirant à bout portant, mais parfois aussi l’assurance fragile, qui se veut affirmée, de vieux routiers pleins d’expérience, le duo « 32 » a présenté son numéro « électrique », le vendredi 17 août, au Silo.
Ambiance jeune et bruyante d’entrée. Claire, à la voix de son nom, et Melou, aux rythmes variés et sonores, couvrirent avec leurs décibels en liberté les beaux textes annoncés dont on ne savoura que quelques mots survivants qui avaient réussi à échapper au massacre du bruit.
Dommage.
On espère revoir ce jeune duo dans des prestations plus révélatrices de leur talent prometteur. 
Claire au chant.
Melou à la guitare.
Le duo en plein concert.
À la salle Claude-Temmem : BERNARD DERIVRY
ou l’approche intime des œuvres de Jean-Alexandre Delattre
Vendredi 17 août, salle Claude-Temmem à l’Espace André-Malraux, Bernard Derivry, professeur honoraire, est venu présenter la naissance d’une œuvre du sculpteur Jean-Alexandre Delattre.
S’appuyant sur le film documentaire réalisé par Gabriel-Joseph Dezaize, film qui est désormais la propriété du ministère de l’éducation nationale, Bernard Derivry laissa tout d’abord l’assistance découvrir l’accouchement de La Tendresse, l’une des réalisations qui tient le plus au cœur de l’artiste.
Dans un ballet d’étincelles, de silence et de bruit mélangés, l’éclosion de cette pièce subjugua l’assistance qui crépita d’applaudissements. Le conférencier guida avec précision le public vers le cheminement ponctué de poésie et d’humour du « Métalomane ».
« La sculpture, c’est mon écriture », avoua l’artiste qui chaque matin, dans la solitude fertile de « La Champagne » à Marchainville (Orne), se met à la tâche, tel le Dieu Vulcain, pour plier à sa volonté les métaux rougis à blanc et leur offrir un destin d’œuvre d’art.
C’est solide, beau, envoûtant.
Avec l’aide technique précieuse du dévoué Charles Khérian, toujours disponible et souriant, Bernard Derivry montra une longue collection photographique des statues, classées par thèmes, de Jean-Alexandre Delattre. Il insista sur la liberté spirituelle de l’artiste qui joue avec humour et modestie de son talent pour révéler le clin d’œil glissé avec astuce ou philosophie dans chacune de ses réalisations. 
Artiste authentique, toujours auréolé d’humanisme, de fraternité et de lucidité, Jean-Alexandre Delattre avance, avec douceur, en homme libre, éclairé, déterminé.
Bernard Derivry, le conférencier.
Guidé d'une main sûre, le chalumeau découpe le profil de la future œuvre.
Un monde d'étincelles, de silence et de bruit mélangés.
Pendant la conférence, Bernard Derivry, à gauche, et J.-A. Delattre, debout, répondant au public.
Entourant la statue Le Cadre Noir de Saumur, Yvon Mercier-Manitoube8itch et le sculpteur Delattre.
AU SILO : Yvon Mercier-Manitoube8itch
et ses recettes médicinales
Mère iroquoise, père algonquin, mais fier citoyen québécois, Yvon Mercier-Manitoube8itch ne renie rien de ses… racines.
Ayant quitté le traditionnel costume de gala, plumes signalant le vent contraire, il est venu le vendredi 17 août au Silo.
Ouvrant la séance de son atelier au rythme du tambour et de celui du champ du loup, la musette pleine de recettes médicinales, il proposa de découvrir ces remèdes venus de la nuit des temps et transmis par les grands-mères, de génération en génération.
Ce biologiste de l’université de Sherbrooke a présenté plusieurs plantes guérisseuses et leurs utilisations : infusion, décoction, macération, insistant particulièrement sur le respect obligatoire et le sérieux de la préparation reliée au temps – préparation suffisamment longue pour être un remède mais pas trop pour devenir toxine.
Il énuméra les diverses propriétés du thuya, entre autres, permettant à l’assistance intéressée de suivre la fabrication de l’onguent de thuya, recette ancestrale algonquine de tradition orale. Un petit pot d’onguent fut d’ailleurs offert à tous les participants.
Ce biologiste averti souligna surtout les effets préventifs de cette médecine d’un autre âge en précisant les bienfaits complémentaires de ces soins, bien souvent moins sophistiqués et moins onéreux que ceux proposés par notre pharmacologie moderne. 
L'atelier s'est ouvert au son du tambour…
Le biologiste averti pendant la préparation de l'onguent de thuya.
Un certain jeudi 16 août vers 20 h 45…
Longtemps nous nous souviendrons de l'anecdote. Elle vaut en effet son pesant d'or. À quelques minutes du récital que le grand organiste québécois Dany Wiseman (à droite) devait donner à l'église de la Madeleine, quelqu'un a cru bon de fermer les grilles de l'entrée… Fort heureusement, comme René Dupuis et Nicole Boucher (à gauche) qui étaient chargés de la billetterie, notre artiste a pris la chose avec le sourire et le public a pu apprécier son immense talent et sa virtuosité en passant par la sacristie, puis tout le monde a été libéré à la fin du concert (photo prise sur le vif par Charles Khérian).
Le jeudi 16 août, vu par Raymond Ménard
AU SILO : l’approche artistique des capteurs de rêves
La vie sans rêve, c’est quoi ?
Un incroyable passage minuscule, un grain de poussière, une larme perdue entre deux océans d’éternité.
Il est donc vital de s’efforcer de capter les rêves pour en parsemer ses jours et ses nuits.
Avec l’aide du musée de Tourouvre (Orne), Adbstar-France, dans le cadre de son festival, avait donc organisé plusieurs ateliers de fabrication de capteurs de rêves.
Le premier, animé par Sophie Vaillant des Muséales de Tourouvre, a bénéficié de la collaboration de plusieurs membres vernoliens dont Jacqueline Khérian, Catherine Delporte et Franck Deshayes.
Une autre séance, également tout public, s’est tenue avec un atelier amérindien auquel participèrent Kathia Rock et Nathalie Gressin.
Chacun a pu apporter son talent pour la réalisation de ces objets que l’on personnalise selon ses envies, ses désirs et sa soif esthétique.
S’appuyant sur une branche de noisetier recourbée ayant le profil minuscule d’une raquette, le créateur tisse de façon régulière un fil de « babiche » ténu qui arrêtera les idées noires et les cauchemars tourmentant son existence. L’ajout de quelques plumes emperlées choisies pour leurs couleurs, leur dessin et leur beauté apporte à la réalisation la valeur que tous cherchent à donner à leur objet symbolique.
Sophie Vaillant (en vert) guidant la fabrication d'un capteur de rêves.
La présentation de deux capteurs de rêves.
Au silo : Jacline Allard
ou le long cheminement vers la spiritualité
Jacline Allard, cette Lyonnaise partie un jour à la conquête du Québec après un drame familial qui bouleversa sa vie (l’assassinat de sa sœur), est venue, jeudi 16 août, au Silo, conter ses cinq années passées chez les Amérindiens, sac au dos, dans ce vaste pays où elle traça son chemin qui la mena jusqu’à la rencontre de son mari, Yvon Mercier-Manitoube8itch, de mère iroquoise et de père algonquin.
Artiste peintre de métier, Jacline Allard devait rejoindre une amie en Amérique du Sud pour ouvrir une école d’art lorsque la possibilité d’aller au Canada s’offrit à elle. Elle tenta l’aventure, se lançant dans l’inconnu, côtoyant les gens, allant à leur rencontre jusqu’à la communauté innue. Un peu à la manière des pèlerins de Compostelle, elle suivit la voie rouge en adoptant les coutumes et l’art de vivre des autochtones. Elle finit par faire sa place. Se rapprochant des grands-mères (plus de cinquante-cinq ans), gardiennes des traditions, elle reçut l’enseignement des rites de la vie de la communauté. Elle s’acheta une jupe (symbole du cercle), posa le sapinage sur le sol, participa à la préparation des loges, aux séances de purification, apprit à ne plus avoir peur des ours et respecta les autres.
Enfin, elle obtint son nom en étant baptisée « Arc-en-ciel » et devint gardienne de l’eau, les hommes étant gardiens du feu. Elle reçut l’un des honneurs les plus significatifs : le calumet de la paix.
De cette intégration à la communauté des Indiens, elle conserve toujours l’observation des quatre mots clés de la vie : honneur, respect, fidélité, partage.
Jacline Allard pendant sa conférence.
La présentation du calumet.
Au Silo : La conquête du Québec
avec le sourire de Jacques Lacoursière, historien
Le jeudi 16 août après-midi, l’historien-conférencier Jacques Lacoursière a séduit un public intéressé venu en nombre au Silo pour l’entendre conter la conquête de la Nouvelle-France sous un angle insolite. « était-ce vraiment le paradis annoncé ? »
Avec l’accent rocailleux des pierres chantant dans le courant brutal d’un fleuve, le professeur assaisonna d’humour son récit. Il ne manqua pas d’y ajouter ses réflexions sentimentalo-personnelles.
Lors de sa propre présentation par Micheline Gervais, il précisa d’entrée : « Ne sois pas trop longue sinon ça ressemble à une épitaphe. » Le ton était donné.
Ne se faisant plus appeler paysans mais habitants pour mieux affirmer leur liberté – lui-même descendant d’un Normand de Tourouvre (Orne) parti en 1647 à la conquête de l’Ouest –, Jacques Lacoursière présenta les trois ennemis avérés des premiers émigrés : les Iroquois, les maringouins (cousins) et l’hiver. Il parla du scalp (levée de chevelure) : « Les victimes n’en mouraient pas toutes mais toutes se retrouvaient avec les idées à fleur de peau » ; cita des slogans : « Manger le cœur de son ennemi ce n’est pas être cannibale, c’est hériter de son courage » ; souligna certaines erreurs par manque de culture. La tribu des Renards fut rangée en zoologie mais, expliqua le conférencier, « cela est excusable quand on sait qu’un policier avait classé Les Fleurs du Mal en botanique ». Il avoua aussi que lui-même avait été attaqué par un confrère pour avoir parlé des « menteries » de Jacques Cartier (Jacques Lacoursière plaida sa cause en signalant que les menteries de l’époque correspondent aujourd’hui à « la diplomatie »).
Enfin, le professeur énuméra la liste de tous ceux qu’il ne portait pas dans son cœur, et pour qui, tel Mgr de Montmorency-Laval, il n’avait point d’estime. (Il avait, précisa-t-il, fait bastonner deux jeunes qui n’avaient pas respecté le protocole en saluant le gouverneur de la Belle Province avant lui, l’évêque du Québec.)
Et en conclusion, Jacques Lacoursière posa la question : finalement, le paradis promis était-il vraiment celui qui avait été annoncé ?
Jacques Lacoursière présentant la technique du scalp.
Le mercredi 15 août, vu par Raymond Ménard 
AU SILO : quand les écoliers s’investissent
pour la « Vache et le Caribou »
Bien encadrés par les enseignants de leur établissement, plus de cent élèves du cycle III (CE2, CM1, CM2) du groupe scolaire Condorcet-Mérimée, que dirige Manuel Aubry, se sont mobilisés pour présenter, au Silo, une exposition relative à la vie des Indiens d’Amérique du Nord.
Prenant dans ce rendez-vous annuel une part non négligeable, les écoliers se sont penchés sur l’implantation et la vie des premiers occupants du Québec : reconstitution de villages, implantations et réalisations de tipis, de poupées, emblèmes et produits symboliques.
Une documentation illustrée contant l’histoire de la construction du Québec complétait cette intéressante recherche.
Avec l’appui de Mmes Anne Belzeaux, éliane Dupuis, Jacqueline Khérian et Claire Massot, ces trois classes ont tenu leur pari et réussi à fortement intéresser les visiteurs y compris les amis amérindiens, séduits par cette (re)production.
Une vue générale de l'exposition.
Un village protégé.
Quelques tipis au bord de la rivière.
Devant l'exposition : Frédérique Monod et sa fille, la petite Morgane, Anne Belzeaux et Jacqueline Khérian.
Muz’nouch au silo :
quatre garçons qui n’ont pas froid aux yeux
Mercredi soir 15 août, la scène du Silo accueillait le quatuor Muz’nouch pour un spectacle haut en couleur.
Trois musiciens orfèvres, Nicolas Bordes à l’accordéon, Gary Grandin à la guitare, Hugues Letort à la contrebasse et une voix. Une voix forte, puissante, modulée, celle de Valéry Dekowski.
Celui-ci, au-dessus du soutien rythmé et musical de ses trois amis, interpelle, clame, persifle, éructe et crache librement à la figure les quatre vérités d’un monde en perdition.
Jeu de scène irréprochable, présence calculée avec une précision d’horloger, ce groupe a conquis la salle comblée de bonheur par la qualité haut de gamme de cette prestation.
Des Loups qui mordent et qui ont faim à Dis-moi tzigane en passant par Ta bouche, La poésie, c’est quoi c’te saloperie, les portraits taillés à l’eau-forte défilent et renvoient en pleine face les reflets d’une vie que l’on subit et qui déstabilise.
C’est cru, violent, du vitriol, mais c’est aussi étonnamment réconfortant et l’affection des autres, le sentiment du travail irréprochable, l’énumération sans faille des défauts grossis à la loupe semblent nous laver des habitudes étouffantes du quotidien.
Muz’nouch nous secoue et nous réveille avec talent.
Bravo et merci.
L'ensemble Muz'Nouch se produisant au Silo de Verneuil-sur-Avre.
Valéry Dekowski, le chanteur, accompagné de l'accordéoniste Nicolas Bordes.
Le mardi 14 août, vu par Raymond Ménard 
À la salle Claude-Temmem :
sensibilisation à la langue innue avec Joséphine Bacon
Poétesse innue, Joséphine Bacon, qui vit à Montréal, est une ambassadrice exceptionnelle du Québec où elle a vu le jour à Betsiamites. Le sourire permanent sur son visage façonné par le vent, elle est à l’écoute de la nature, toujours prête à faire fructifier les relations entre individus.
Réalisatrice de films, parolière, auteure et traductrice, elle est spécialiste de la langue innue qu’elle maîtrise avec malice.
Très attachée à la terre et aux messages que celle-ci envoie, elle est venue sensibiliser les Vernoliens à cette langue difficile et complexe dont les mots s’emboîtent comme un jeu de Lego, avec un radical et plusieurs affixes, pour devenir une sorte de phrase synthétique.
« Pour apprendre l’innu ou son synonyme le montagnais, cela demande au moins quatre ans », précisa Joséphine Bacon avec le sourire, lors de sa séance du mardi 14 août, à la salle Claude Temmem.
Avec ces phrases polysynthétiques composées d’un seul mot, le dépaysement est total. Partant de mots simples, Joséphine a montré comment se monte la pyramide d’une conversation en s’appuyant sur les nombres, les chiffres, les jours et les mois, et les noms des membres de la famille ainsi que les saisons.
L’innu ne possède pas, en tant que langue, de masculin ou de féminin, mais des genres animé et inanimé.
Une langue difficile, riche et simple à la fois, donc, qui s’adapte parfaitement à la vie proche de la terre et de ses éléments.
Joséphine Bacon montre comment l'approche de la langue innue peut faire marcher de guingois.
AU TRIANON : LE SILENCE DES FUSILS,
un constat-plaidoirie d’Arthur Lamothe 
Parrain de ce 3e Festival franco-québécois, le cinéaste Arthur Lamothe, Français né il y a quatre-vingt-cinq ans bientôt sur les terres de d’Artagnan, est un authentique amoureux du Québec.
Depuis son arrivée au pays de la Nouvelle-France en 1955, cet homme de cœur et de raison n’a cessé de produire, réaliser, scénariser et monter des films documentaires ou longs métrages pour conter l’histoire de ces peuples attachants, les Amérindiens.
S’il fallait inventer un mot pour formuler le rôle important joué par Arthur Lamothe dans cet événement, ce serait celui d’homologue qu’il faudrait choisir.
Sa rencontre, depuis dix ans, avec celle qui deviendra sa femme, Nathalie Gressin, née à Bourges et éprise d’évasion, déboucha sur une passion commune et humanitaire : révéler le récit aux pages souvent douloureuses de cette contrée du monde.
Le mardi 14 août, le cinéma Le Trianon a accueilli une importante assemblée venue découvrir et admirer Le Silence des fusils. Œuvre s’appuyant sur un réel fait divers, la découverte d’un double assassinat de jeunes Indiens pendant la guerre du saumon, ce film est mené à la manière d’un épisode policier stigmatisant l’intolérance et le racisme inhumain des Blancs à une époque récente et que l’on aurait souhaitée révolue.
À la fois constat et plaidoirie menés autour d’une intrigue amoureuse savamment disséquée, ce film méticuleux, révélateur, parfois un peu lent, fut applaudi par une salle unanime saluant l’œuvre du cinéaste attentif à la liberté de l’individu, et l’interprétation du remarquable comédien Jacques Perrin et de son fils Justin, sans oublier celle de Kathia Rock, présente à Verneuil pendant ce festival.
Kathia Rock, actrice figurant dans la distribution de ce film, Nathalie Gressin qui présenta la réalisation d'Arthur Lamothe, son époux, et Joséphine Bacon, qui traduisit les textes amérindiens.
Nathalie Gressin
ou l’omniprésence de l’ambassadrice
Placé sous le parrainage du cinéaste Arthur Lamothe, le 3e festival « La Vache et le Caribou » n’a pu bénéficier de la présence de cet humaniste, empêché pour raison de santé.
C’est son épouse, Nathalie Gressin, qui a multiplié les apparitions tout au long de ce rendez-vous culturel pour apporter son soutien à Adbstar-France. Apparitions pleines de sympathie et d’efficacité.
Présente dès le premier jour en exposant des photographies au premier étage de l’Espace Saint-Laurent, cette coproductrice des Ateliers audiovisuels du Québec consacre, depuis le début du siècle, temps, énergie et talent à suivre l’itinéraire de son mari.
Chevelure de neige aux reflets d’argent, sourire généreux, cette Berrichonne de naissance ne faillit pas à sa mission. Sa présence rayonnante, on la retrouve tout au long de ses rencontres : de l’exposition chaleureuse des photographies du Québec aux causeries de Jacques Lacoursière en passant par la présentation cinématographique du Silence des fusils. C’est elle aussi qui donna la réplique à Joséphine Bacon, lors de l’atelier d’initiation à la langue innue, soutenant cette originaire de Betsiamites au regard malicieux, ne jurant qu’en français, traductrice de cette langue orale qui exige quatre ans d’études pour être assimilée. C’est elle encore qui, telle une ombre, dissipa sa présence aux divers ateliers de ses amis amérindiens, Kathia Rock, auteur, compositeur, interprète et comédienne ; Yvon Mercier-Manitoube8itch, enseignant de biochimie à l’université de Sherbrooke, et Jacline Allard, séduite par le Québec.
Nathalie Gressin sillonna également les rues de la cité, de Saint-Laurent à l’abbaye Saint-Nicolas en passant par l’hôtel de ville, guidée par les personnages sortis tout droit de l’imagination talentueuse du sculpteur Jean-Alexandre Delattre.
Ambassadrice de charme, cette native de Bourges, professeur polyglotte, qui enseigne l’italien au collège, mais aussi, depuis quinze ans, le français au ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec, aura parfaitement rempli sa mission.
Le mardi 14 août à l'étage de l'Espace Saint-Laurent. Nathalie Gressin, au centre, en compagnie de ses compatriotes (de gauche à droite) : Kathia Rock, Dany Wiseman, Yvon Mercier-Manitoube8itch, Jacline Allard et Joséphine Bacon (assise), présentés, lors de l'ouverture du Festival franco-québécois, par Micheline Gervais, à droite.
Joséphine Bacon…
… et Nathalie Gressin, se donnant la réplique lors de l'initiation à la langue innue.
Le mardi 14 août, vu par Raymond Ménard (suite) 
À la bibliothèque Jérôme-Carcopino :
les faisceaux conjugués de l’imagination
Dans lun des joyaux du patrimoine vernolien – la bibliothèque Jérôme-Carcopino –, le Festival franco-québécois accueille une autre deuxième et attrayante exposition, à la fois spectaculaire et intimiste, s’appuyant sur les talents conjugués de deux personnalités locales et ceux traduisant l’imaginaire des artistes amérindiens.

Michel Bourre : l’art dépouillé du ferronnier
Ayant vu le jour dans une famille axée sur l’art – son père était un peintre reconnu –, le Vernolien Michel Bourre, après une carrière scientifico-industrielle accomplie aux établissements Sovilo de Bourth, a pris une retraite bien méritée.
Et aussitôt, il s’est lancé avec gourmandise dans le dressage du fer qu’il dompte avec un grand dépouillement et une sobriété juste et précise.
Son geste traduit, dans une section de cercle de barrique, la grâce de l’envol suggéré d’un oiseau. Des fers à béton dressés révèlent la rigidité du marabout immobile. À deux pas, une forme arrondie de douceur symbolise la maternité tandis que le métal longiligne esquisse l’élan de La Femme pressée. Ici, c’est la complexité d’un mutant ou la multiplicité spectaculaire d’un archéoptéryx, mi-oiseau, mi-reptile, surgissant de l’ère lointaine du jurassique.
Dans l’élégante salle polyvalente de la bibliothèque, le talent sobre et simple, et l’imagination spontanée de l’artiste trouvent un cadre où la sélection de ses vingt-quatre pièces est à ses aises en toute liberté.
Pour peu que l’artiste soit présent, il sera un guide fort sympathique pour confier à chacun le cheminement réfléchi de son imaginaire. 
Michel Bourre présentant son Envol… à Nicole Ménard.
Le Marabout, de Michel Bourre.
Martine Bourre : une fée au royaume de l’enfance
Habitée par l’enfance mais assoiffée de liberté, Martine Bourre, illustratrice de livres pour les petits et les écoliers, prête son concours à cette exposition en présentant plusieurs planches de ses dessins. Ces dernières ont participé à la naissance du livre La Femme phoque de Catherine Gendrin, un album de trente-six pages paru aux éditions Didier Jeunesse.
Couleurs fraîches, délicates, avec le vert et le blanc conjuguant leurs tonalités, ces œuvres révèlent toute la sensibilité de l’artiste qui jongle de façon précise avec les évocations des océans et ses glaciers, de l’herbe printanière et de la nappe épaisse de la neige.
Martine Bourre, Parisienne née au milieu du siècle dernier, est une artiste confirmée qui laisse volontiers traîner son regard de myope, comme elle l’avoue elle-même, pour découvrir de minuscules objets. Elle picore ainsi, là une graine, une pierre, un bouton, une miette de pain, ou bien encore un morceau de tissu, voire un minuscule transistor, que son imagination animera, donnant vie à ses personnages nimbés de poésie et qui captiveront ses lecteurs petits ou grands.
Ancienne élève de l’école d’arts appliqués Duperré, Martine Bourre, qui excelle dans l’art de faire galoper les chevaux et même les rennes sur son papier à dessin, a offert un joli cadeau à Adbstar et à ses amis canadiens ainsi qu’à tous les Vernoliens, en acceptant de s’associer à ce festival révélateur d’un monde qui garde encore beaucoup de son mystère.
Une illustration de La Femme phoque.
Les Rennes.
L’art amérindien : le retour aux choses de la terre
Les sculptures de Michel Bourre et les illustrations de Martine Bourre sont accompagnées d’œuvres d’art inuit, prêtées par l’association Inuksuk et protégées par leurs vitrines, évoquant les régions du Nunavut (Canada) et du Nunavik (Québec).
Issues de produits naturels : bois de renne, ivoire de morse ou de narval, bois de flottage, os de baleine fossilisés ou de pierres, les œuvres amérindiennes s’inspirent toutes de la nature et subissent souvent l’influence du chamanisme.
Toutes les peuplades de la région arctique produisent des œuvres qui vont devenir en priorité des objets d’échanges avec leurs représentations d’animaux ou de symboles religieux.
Un chaman en bois de caribou et une reproduction de l'ours blanc du sculpteur Ponpon.
Cette triple exposition est à découvrir jusqu’au samedi 18 août, à la bibliothèque municipale, aux heures d’ouverture habituelles. Entrée gratuite. 

Un certain 13 août…
Au cimetière de Verneuil-sur-Avre, Yvon Mercier-Manitoube8itch
rend hommage à l'aviateur canadien Donald Dufton et à son équipage,
abattus au-dessus de notre ville le 13 août 1943 (photo J.P. Thouin).

Le vendredi 10 août, vu par Raymond Ménard
Le coup d’envoi du 3e Festival franco-québécois de Verneuil-sur-Avre « La Vache et le Caribou » a été donné le vendredi 10 août, à l’Espace Saint-Laurent le bien nommé.
Une assistance nombreuse composée de personnalités de la ville mais aussi d’une foule d’amis des deux artistes-exposants : le sculpteur Jean-Alexandre Delattre, universellement connu, ami talentueux de la cité, et la photographe canadienne Nathalie Gressin.
Dans ce lieu mythique que l’ancien maire et conseiller général, Jacques Demaire, et son conseil municipal de l’époque, toujours attentifs, s’étaient efforcés de restaurer avec bonheur pour le protéger et le conserver dans le riche patrimoine de Verneuil, les trois coups marquant le lancement de l’événement ont été frappés, en même temps que s’ouvrait le vernissage de la magnifique exposition du « Seigneur des Métaux » et celle de la compagne de vie du célèbre cinéaste canadien, Arthur Lamothe, Nathalie Gressin.
Annie Gauthier, maire-adjointe, fut la première à évoquer ce festival, rappelant sa réalisation et les espoirs de cet événement. Olga Fontaine, chargée municipale de la culture, souligna à son tour l’importance de cette rencontre internationale ainsi que le talent unanimement reconnu et le côté humain de l’artiste Jean-Alexandre Delattre, fidèle à la vallée d’Avre. Elle associa à ces éloges ceux qu’elle formula pour le travail précis et méthodique de Nathalie Gressin, photographe séduite par la beauté du Québec.
Pour cette cérémonie d’ouverture, Jacques Demaire, qui s’était justement déplacé, représentait le lien étroit qui existait entre le Québec et l’association Perche-Canada présidée, au milieu du siècle dernier, par Magali la regrettée romancière de Rueil-la-Gadelière.
Un hommage fut rendu à Adbstar, à son actif président Fabien Perucca et à son conseil d’administration qui ont su ressusciter le profond lien d’amitié entre notre province et le Nouveau Monde québécois. (Voir la suite de cet article ci-après les photos de Jean-Pierre Thouin.
 
L'une des pièces maîtresses de l'exposition Delattre : le jeu d'échecs.
Mmes et MM. Patrick Lecouturier, Olga Fontaine, Fabien Perucca, Jean-Alexandre Delattre et Madame, Nathalie Gressin, Yves-Marie Rivemale, Micheline Gervais et René Dupuis.
Patrick Lecouturier, Olga Fontaine, Nathalie Gressin, Jean-Alexandre Delattre et Madame.
De face, M. Jacques Demaire.
Mmes Micheline Gervais, Nathalie Gressin et Claire Massot.
Jean-Alexandre Delattre, le « Seigneur des Métaux »
Jean-Alexandre Delattre s’est forgé – c’est le mot qui convient – une renommée universelle par son incroyable talent, sa personnalité hautement attachante et son tempérament d’artiste authentique.
Voisin de la vallée d’Avre, citoyen d’honneur de Verneuil-sur-Avre, ville qui compte dans son brillant patrimoine trois œuvres du maître : Les Mariés de l’hôtel de ville, Les Jumeaux solidaires offerts par le Lions Club local, installés devant l’Espace André Malraux, et près du lycée, L’Enseignement, statue inspirée par les élèves, leurs professeurs et les responsables de l’établissement « Portes de Normandie ». L’artiste, on le voit, n’est pas un inconnu en terre vernolienne.
Lors de sa première exposition en 1997, il avait encerclé la cité de ses réalisations magistrales et flamboyantes, mettant en faction à chaque entrée de l’agglomération des œuvres-sentinelles qui attirèrent une foule de visiteurs. Plus de 8000 personnes au mois d’août 1997 – un record – apprécièrent le talent et le lieu exceptionnel qui servit d’écrin à cette originale et surprenante exposition. Ce premier rendez-vous se concrétisa avec l’aide du syndicat d’initiative et de son président d’alors, Jean-Louis Le Bossé, par une souscription populaire en faveur des Mariés.
Cinq ans plus tard, en 2002, le sculpteur revenait à Verneuil-sur-Avre pour un succès équivalent qui révéla l’intense production du maître des métaux mettant à profit le charme et le calme de sa si douce « Champagne » à Marchainville.
Dix ans après, voici le retour de celui qui n’a cessé de gagner la confiance et l’admiration de notre Hexagone. De la Bretagne à la Côte d’Azur, de l’Est à la capitale, des jardins de Pornic aux rendez-vous du cirque de Monte-Carlo, en passant par les trophées des champions, son nom est devenu quasiment familier. Il a même été immortalisé dans le quartier des sculpteurs d’Hettange-Grande (Moselle) où son square cohabite avec les rues Auguste-Rodin et Camille-Claudel.
C’est cet homme exceptionnel dont l’humanisme est à la hauteur du talent que le Festival franco-québécois invite à redécouvrir dans cette présente 3e édition.

À voir absolument, à l’Espace Saint-Laurent, jusqu’au 14 septembre, tous les jours de 14 à 18 heures, samedi et dimanche de 10 à 18 heures. Entrée gratuite.



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